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Pierre Henry
Parcours culturel | Expositions
Co-inventeur avec Pierre Schaeffer de la musique concrète en 1946 et aujourd’hui toujours considéré comme l’une des influences majeures de la scène électronique, Pierre Henry n’a jamais cessé d’interroger les autres disciplines pour nourrir une œuvre à la fois savante et populaire, composée aux sources croisées de la littérature, du cinéma, de la danse et de la peinture. Moins le savent, Pierre Henry a parallèlement élaboré depuis plus de vingt ans un langage plastique singulier qu’il a lui-même baptisée sa « peinture concrète ». Au sein du parcours des collections permanentes inauguré le 27 juin – et jusqu’au 1er décembre 2013, le Musée d’Art moderne de Paris invite Pierre Henry à accrocher une cinquantaine de ses œuvres inédites rassemblées sous le titre "Autoportrait en 53 tableaux"...
Pierre Henry a beau s’évertuer à dire que la techno n’est pas sa tasse de thé, les artistes de la scène électro se bousculent au portillon pour lui rendre hommage. On se souvient du titre "Psyché Rock" remixé par Coldcut, William Orbit, Fat Boy Slim, Saint Germain et autres Stereolab et depuis samplé et recyclé à tout va dans la pub et à la télévision ; et on n’oublie pas non plus que d’autres artistes électro se sont également abreuvés à sa source pour accéder à une autre musique, de Aphex Twins à Matthew Herbert via son projet Radio Boy. Mais le « grand-père de la techno » se sent sans doute plus proche de la recherche d’une Meredith Monk ou d’un moderne plus ancient - le philosophe et mathématicien Pythagore, qui fut aussi le premier théoricien de la musique.

Pythagore et l’harmonie des sphères
Livre - Seuil
Simonne Jacquemard | 2004
Le terme "acousmatique" utilisé par Pierre Schaeffer et Pierre Henry pour définir leur démarche concrète fut à l’origine employé par le philosophe Pythagore pour qualifier sa manière d'enseigner la philosophie à ses disciples, dissimulé derrière une tenture et dans le noir, de façon à ce que ceux-ci se concentrent davantage sur son discours. De là est issue la notion de « bruit acousmatique » pour désigner un bruit qu'on entend sans en voir la source, puis, par extension, sans la connaître...

Turtle Dreams
Audio - ECM
Meredith Monk | 2000
Figure de l’avant-garde new-yorkaise des années 60, Meredith Monk compose depuis plus de cinquante ans une œuvre à l’intersection des disciplines, dont les compositions, essentiellement vocales et non verbales, sont à la fois éminemment spirituelles et purement physiques, entre babillages, chuchotements, litanies, voix de ventre et de poitrine, pépiements et gémissements. Une œuvre littéralement inouïe.

Around the house
Disque - Studio K7
Herbert | 2002
En 1997, Matthew Herbert commence à composer un projet orienté autour de la musique concrète et basé sur des samples de bruits d’objets de la vie courante. Tandis que sur "Mechanics of destruction" (sous le nom de Radio Boy), il entre en guerre contre les multinationales en samplant la destruction physique d’objets de consommation courante (hamburgers, télévision, etc.), sur "Around the House", tous les morceaux ont pour source sonore des bruits enregistrés dans son propre appartement (bruits de petit déjeuner, de vaisselle, de porte, de douche, etc.) avec lesquels il réussit le tour de force de faire un album de chansons étrangement charnel.
Élève d’Olivier Messiaen dans ses jeunes années au Conservatoire de Paris, Pierre Henry en a notamment conservé l’esprit de liberté, le goût du dépaysement et de l’affranchissement des règles. Un esprit d’ouverture et d’aventure qui le conduit à penser à une nouvelle musique et à explorer les nouveaux territoires sonores comme le bruitisme de Luigi Russolo, le futuriste italien qui veut réinventer le monde en accédant aux bruits de la société moderne...

L’Art des bruits : manifeste futuriste
Livre - Editions Allia
Luigi Russolo | 1913
« "Durant plusieurs siècles, la vie se déroula en silence, ou en sourdine. Aujourd'hui le bruit domine en souverain sur la sensibilité des hommes…" » Ecrit en 1913, le manifeste de Luigi Russolo, peintre et musicien du mouvement futuriste italien, marque un tournant dans la pensée musicale. Tournant le dos aux sons des instruments « imitant la vie », Russolo se penche sur la musicalité des sons du quotidien, un environnement sonore fait de bruits naturels et industriels, de dissonances. Une pensée qui influencera considérablement les acteurs des musiques concrètes, industrielles et électroniques. En 1975, Pierre Henry montera d’ailleurs "Futuristie", une manifestation sonore et visuelle en hommage à Russolo, qui fut aussi l’inventeur de la première « machine à bruits »...

Turangalîla Symphonie
Audio - Decca
Olivier Messiaen | 2013
Pierre Henry s’est peu confié sur ses influences musicales. Le compositeur cite pourtant volontiers Olivier Messiaen dont l’enseignement, lors des fameux cours d’harmonie et d’esthétique que celui-ci dispensait au Conservatoire de Paris, lui fut une révélation précieuse dans sa quête d’une musique qui ferait voler en éclats toutes les notions d’harmonies et de mélodies classiques. Les deux hommes partageaient par ailleurs le même goût pour les musiques sacrées, les chants des oiseaux et les sonorités du Gamelan javanais...
Pierre Henry a souvent donné une coloration ethnique à ses œuvres : percussions et polyphonies en provenance d’Asie ou d’Afrique, fragments de chants rituels en provenance d’Extrême-Orient. Le compositeur s’est aussi nourri de textes sacrés en provenance d’Egypte, du Tibet ("Le Livre des morts égyptien", "Le Livre des morts tibétain") pour écrire une musique éclairée à la lumière d’autres sources de bruits et de pensées...

Le livre des morts tibétain
Livre - Albin Michel
Lama Anagarinka Govinda | 1981
Avant "L’Apocalypse de Jean" (1968), "Le Livre des morts égyptien" (1988), "Une Tour de Babel" (1998), Pierre Henry avait déjà composé autour d’un autre livre sacré – le "Bardo Thödol", publié en français sous le titre de « "Livre des morts tibétain" », sur une chorégraphie de Maurice Béjart - "Le Voyage", 1962). Le Bardo Thödol est un texte du bouddhisme tibétain qui décrit la succession des étapes et des mondes que les humains traversent à partir de leur mort jusqu'à leur libération du cycle des réincarnations. Un récit lu au chevet des mourants pour les accompagner "ad patres"...

Music On The Gipsy Route
Audio - Fremeaux
Divers | 2009
Depuis les années 50, Deben Bhattacharya a enregistré plus de 800 heures de musiques traditionnelles d’avant l’ère de la World Music. Une vie qui aura mené cet arpenteur sur toutes les routes du monde, de Bénarès aux Saintes Maries de la Mer, de la Syrie à l’Ouzbékistan, du Tibet en Hongrie, etc. Après le décès brutal de Bhattacharya en 2001, sa famille a fait don de ses archives sonores à la Bibliothèque nationale de France et l’éditeur Frémeaux mis ses pas dans les siens en discographiant la passionnante collection de sons cet insatiable chercheur de musiques.

Far East Influences
Livre - The Boydell Press
Benjamin Britten | 2001
Pierre Henry a toujours élargi le champs de ses recherches à des musiques lointaines, oubliées ou inouïes pour toujours questionner ce qui relie les rites traditionnels, l’histoire des mythologies à la vie moderne. Ayant exploré les rythmes tibétains, africains et égyptiens, Pierre Henry, percussionniste de formation, se penche aussi sur les rythmes du Gamelan javanais et balinais dans "Le Voyage initiatique" (2005). Avant lui, d’autres s’étaient intéressés à cet ensemble instrumental traditionnel : Debussy, Satie, Poulenc... et le compositeur britannique Benjamin Britten qui en truffât ses compositions à son retour d’Indonésie.
« "Je n'aime pas voyager, juste autour de ma chambre et de mon studio, immergé dans une bulle de science-fiction, de passé qui se mêle à l'avenir. C'est amusant d'être enfermé, et de créer des voyages extraordinaires, proches d'un yoga musical" » disait Pierre Henry à Libération en 2005. Sa « maison de sons » est un antre où la méditation côtoie l’écoute et, depuis quelques temps, la création picturale - un repère qu’il ouvre parfois aux quatre vents pour une série de concerts à domicile...

Autoportrait en 53 tableaux
Exposition - Musée d’Art Moderne de la ville de Paris
Pierre Henry | 27 juin au 1er décembre 2013
Depuis une vingtaine d’années, Pierre Henry réalise des tableaux, le plus souvent sur des panneaux de bois, qui sont constitués d’un étrange assemblage de matériaux composites et fragmentés, provenant en particulier de ses appareils d’enregistrement ou de mixage devenus obsolètes. Des « peintures concrètes » qui se déploient sous la forme d’une « partition visuelle » synthétisant en cinq épisodes les chapitres décisifs de sa carrière musicale et les collaborations majeures avec d’autres créateurs comme le chorégraphe Maurice Béjart. Lien vers l'exposition

Le terrier
Livre - Mille et une nuit
Franz Kafka | 1923
Écrit à Berlin fin 1923, six mois avant la mort de son auteur, "Le Terrier" est un récit inachevé qui plonge dans les pensées d’un petit animal déterminé à se construire une demeure parfaite dans la forêt, dissimulé sous une fine pellicule de mousse, « "aussi bien protégé qu’il est possible de l’être en ce monde" ». Un terrier inviolable qui s’avère être un château intérieur, un espace vital qui évoque immanquablement « Son Ré », l’extravagante « maison de sons » de Pierre Henry où le compositeur vit en reclus, toutes fenêtres et portes closes.

La maison de sons de Pierre Henry
Livre - Fage Éditions
Geir Egil Bergjord | 2010
Réalisé conjointement par Pierre Henry et le photographe norvégien Geir Egil Bergjord, "La maison de sons de Pierre Henry" pénètre dans la maison-studio du quartier de Picpus à Paris où le compositeur est établi depuis 1971 et invite à parcourir pièce après pièce cet endroit invraisemblable, à la fois lieu de vie, laboratoire musical et atelier d'artiste. Un labyrinthe où cohabitent peintures concrètes, fragments de vinyles, bobines antédiluviennes, instruments désarticulés dans un antre qui prolonge l’univers musical du créateur des jerks électroniques...
Si Pierre Henry expose aujourd’hui pour la première fois ses « toiles concrètes », le plasticien Yves Klein avait pour sa part fait le chemin inverse en transportant son art sur le terrain de la musique. Composée en 1949, sa "Symphonie monoton-Silence", composée de la tension d’une seule note continue, prolongée d’un silence de la même durée, est un saut dans le vide, hors du temps. Qui sera reprise quelques années plus tard par... Pierre Henry.

Autoportrait en 53 tableaux
Exposition - Musée d’Art Moderne de la ville de Paris
Pierre Henry | 27 juin au 1er décembre 2013
Depuis une vingtaine d’années, Pierre Henry réalise des tableaux, le plus souvent sur des panneaux de bois, qui sont constitués d’un étrange assemblage de matériaux composites et fragmentés, provenant en particulier de ses appareils d’enregistrement ou de mixage devenus obsolètes. Des « peintures concrètes » qui se déploient sous la forme d’une « partition visuelle » synthétisant en cinq épisodes les chapitres décisifs de sa carrière musicale et les collaborations majeures avec d’autres créateurs comme le chorégraphe Maurice Béjart. Lien vers l'exposition

Yves Klein – L’aventure monochrome
Livre - Découvertes Gallimard
Denys Riout | 2006
« "Je peignais des surfaces monochromes pour voir de mes yeux voir ce que l’absolu avait de visible" », expliquait Yves Klein, l’inventeur du fameux IKG (International Klein Blue), le lumineux bleu ultramarin qui le fit internationalement célèbre. Considérant que l’absolu est aussi fait de sons, l’artiste compose en 1948 une "Symphonie monotom-silence" de vingt minutes jouée sur une note unique, puis suivi d’un silence de la même durée, laquelle sera reprise sous le nom de "Symphonie monotom-silence n°2" (puis rebaptisée "Monochromie") par Pierre Henry qui lui offrira pour son mariage… soit quelques mois avant sa mort. « "Ma vie doit être comme cette symphonie, un son continu, libéré du début à la fin, limité et en même temps éternel, parce qu'elle n'a ni commencement ni fin..." » écrivait Klein.
De Messaien à Spooky Tooth, de Pierre Schaeffer à Violent Femmes, de "Symphonie pour un homme seul" à "Messe pour le temps présent", Pierre Henry n’a jamais cessé de faire la navette entre musique savantes et musiques populaires, musique classique et musique contemporaine pour se renouveler, créer une musique nouvelle, inventer une grammaire musicale différente à une époque où les musiques électroniques investissaient progressivement l’époque.

OHM The early gurus of electronic music
Disque - Ellipsis Arts
Compilation | 1948-1980
Ce passionnant triple CD explore la préhistoire de la musique électronique et les liens existant entre musiques populaires et musiques savantes, une passionnant travail d’archéologie musical qui se penche sur une époque où la musique électronique n’avait pas encore investi les rues et les pistes de danse et reconfiguré en profondeur le champs des pratiques musicales. Avec, entre autres, Clara Rockmore, Pauline Oliveros, La Monte Young, Stockhausen, Luc Ferrari, John Hassel, Brian Eno...

Ceremony
Audio - Esoteric Music
Spooky Tooth, Pierre Henry | 1970
En 1970, Pierre Henry rencontre l’obscur groupe de rock progressif anglais Spooky Tooth avec lequel il enregistre ce puissant album, apparemment enregistré en une nuit, à la lisière du gothique et de l’avant-garde, de la kosmisch musik et du psychédélisme, des musiques sacrées et populaires : un télescopage de bruitages électroacoustiques, de solos de guitares, d’incantations, d’orgues, de sirènes et de percussions qui font de ce "Ceremony" un objet toujours aussi fascinant.

Messe pour le temps présent
Audio - Philips
Pierre Henry | 1967
Créé sur une commande de Maurice Béjart pour sa création chorégraphique du même nom lors du festival d’Avignon de 1967, "La Messe pour le temps présent" est la pièce la plus célèbre de Pierre Henry. Un succès qu’elle doit au très fameux "Psyché Rock", composé avec le réalisateur et arrangeur Michel Colombier. Tandis que les Beatles et les Pink Floyd se mettent à utiliser des sons de musique concrète dans leurs chansons, Pierre Henry fait le chemin inverse en s’inspirant librement de "Louie Louie", le standard Rhythm & blues de Richard Berry...

Pythagore et l’harmonie des sphères
Livre - Seuil
Simonne Jacquemard | 2004
Le terme "acousmatique" utilisé par Pierre Schaeffer et Pierre Henry pour définir leur démarche concrète fut à l’origine employé par le philosophe Pythagore pour qualifier sa manière d'enseigner la philosophie à ses disciples, dissimulé derrière une tenture et dans le noir, de façon à ce que ceux-ci se concentrent davantage sur son discours. De là est issue la notion de « bruit acousmatique » pour désigner un bruit qu'on entend sans en voir la source, puis, par extension, sans la connaître...

Turtle Dreams
Audio - ECM
Meredith Monk | 2000
Figure de l’avant-garde new-yorkaise des années 60, Meredith Monk compose depuis plus de cinquante ans une œuvre à l’intersection des disciplines, dont les compositions, essentiellement vocales et non verbales, sont à la fois éminemment spirituelles et purement physiques, entre babillages, chuchotements, litanies, voix de ventre et de poitrine, pépiements et gémissements. Une œuvre littéralement inouïe.

Around the house
Disque - Studio K7
Herbert | 2002
En 1997, Matthew Herbert commence à composer un projet orienté autour de la musique concrète et basé sur des samples de bruits d’objets de la vie courante. Tandis que sur "Mechanics of destruction" (sous le nom de Radio Boy), il entre en guerre contre les multinationales en samplant la destruction physique d’objets de consommation courante (hamburgers, télévision, etc.), sur "Around the House", tous les morceaux ont pour source sonore des bruits enregistrés dans son propre appartement (bruits de petit déjeuner, de vaisselle, de porte, de douche, etc.) avec lesquels il réussit le tour de force de faire un album de chansons étrangement charnel.

L’Art des bruits : manifeste futuriste
Livre - Editions Allia
Luigi Russolo | 1913
« "Durant plusieurs siècles, la vie se déroula en silence, ou en sourdine. Aujourd'hui le bruit domine en souverain sur la sensibilité des hommes…" » Ecrit en 1913, le manifeste de Luigi Russolo, peintre et musicien du mouvement futuriste italien, marque un tournant dans la pensée musicale. Tournant le dos aux sons des instruments « imitant la vie », Russolo se penche sur la musicalité des sons du quotidien, un environnement sonore fait de bruits naturels et industriels, de dissonances. Une pensée qui influencera considérablement les acteurs des musiques concrètes, industrielles et électroniques. En 1975, Pierre Henry montera d’ailleurs "Futuristie", une manifestation sonore et visuelle en hommage à Russolo, qui fut aussi l’inventeur de la première « machine à bruits »...

Turangalîla Symphonie
Audio - Decca
Olivier Messiaen | 2013
Pierre Henry s’est peu confié sur ses influences musicales. Le compositeur cite pourtant volontiers Olivier Messiaen dont l’enseignement, lors des fameux cours d’harmonie et d’esthétique que celui-ci dispensait au Conservatoire de Paris, lui fut une révélation précieuse dans sa quête d’une musique qui ferait voler en éclats toutes les notions d’harmonies et de mélodies classiques. Les deux hommes partageaient par ailleurs le même goût pour les musiques sacrées, les chants des oiseaux et les sonorités du Gamelan javanais...

Le livre des morts tibétain
Livre - Albin Michel
Lama Anagarinka Govinda | 1981
Avant "L’Apocalypse de Jean" (1968), "Le Livre des morts égyptien" (1988), "Une Tour de Babel" (1998), Pierre Henry avait déjà composé autour d’un autre livre sacré – le "Bardo Thödol", publié en français sous le titre de « "Livre des morts tibétain" », sur une chorégraphie de Maurice Béjart - "Le Voyage", 1962). Le Bardo Thödol est un texte du bouddhisme tibétain qui décrit la succession des étapes et des mondes que les humains traversent à partir de leur mort jusqu'à leur libération du cycle des réincarnations. Un récit lu au chevet des mourants pour les accompagner "ad patres"...

Music On The Gipsy Route
Audio - Fremeaux
Divers | 2009
Depuis les années 50, Deben Bhattacharya a enregistré plus de 800 heures de musiques traditionnelles d’avant l’ère de la World Music. Une vie qui aura mené cet arpenteur sur toutes les routes du monde, de Bénarès aux Saintes Maries de la Mer, de la Syrie à l’Ouzbékistan, du Tibet en Hongrie, etc. Après le décès brutal de Bhattacharya en 2001, sa famille a fait don de ses archives sonores à la Bibliothèque nationale de France et l’éditeur Frémeaux mis ses pas dans les siens en discographiant la passionnante collection de sons cet insatiable chercheur de musiques.

Far East Influences
Livre - The Boydell Press
Benjamin Britten | 2001
Pierre Henry a toujours élargi le champs de ses recherches à des musiques lointaines, oubliées ou inouïes pour toujours questionner ce qui relie les rites traditionnels, l’histoire des mythologies à la vie moderne. Ayant exploré les rythmes tibétains, africains et égyptiens, Pierre Henry, percussionniste de formation, se penche aussi sur les rythmes du Gamelan javanais et balinais dans "Le Voyage initiatique" (2005). Avant lui, d’autres s’étaient intéressés à cet ensemble instrumental traditionnel : Debussy, Satie, Poulenc... et le compositeur britannique Benjamin Britten qui en truffât ses compositions à son retour d’Indonésie.

Autoportrait en 53 tableaux
Exposition - Musée d’Art Moderne de la ville de Paris
Pierre Henry | 27 juin au 1er décembre 2013
Depuis une vingtaine d’années, Pierre Henry réalise des tableaux, le plus souvent sur des panneaux de bois, qui sont constitués d’un étrange assemblage de matériaux composites et fragmentés, provenant en particulier de ses appareils d’enregistrement ou de mixage devenus obsolètes. Des « peintures concrètes » qui se déploient sous la forme d’une « partition visuelle » synthétisant en cinq épisodes les chapitres décisifs de sa carrière musicale et les collaborations majeures avec d’autres créateurs comme le chorégraphe Maurice Béjart. Lien vers l'exposition

Le terrier
Livre - Mille et une nuit
Franz Kafka | 1923
Écrit à Berlin fin 1923, six mois avant la mort de son auteur, "Le Terrier" est un récit inachevé qui plonge dans les pensées d’un petit animal déterminé à se construire une demeure parfaite dans la forêt, dissimulé sous une fine pellicule de mousse, « "aussi bien protégé qu’il est possible de l’être en ce monde" ». Un terrier inviolable qui s’avère être un château intérieur, un espace vital qui évoque immanquablement « Son Ré », l’extravagante « maison de sons » de Pierre Henry où le compositeur vit en reclus, toutes fenêtres et portes closes.

La maison de sons de Pierre Henry
Livre - Fage Éditions
Geir Egil Bergjord | 2010
Réalisé conjointement par Pierre Henry et le photographe norvégien Geir Egil Bergjord, "La maison de sons de Pierre Henry" pénètre dans la maison-studio du quartier de Picpus à Paris où le compositeur est établi depuis 1971 et invite à parcourir pièce après pièce cet endroit invraisemblable, à la fois lieu de vie, laboratoire musical et atelier d'artiste. Un labyrinthe où cohabitent peintures concrètes, fragments de vinyles, bobines antédiluviennes, instruments désarticulés dans un antre qui prolonge l’univers musical du créateur des jerks électroniques...

Yves Klein – L’aventure monochrome
Livre - Découvertes Gallimard
Denys Riout | 2006
« "Je peignais des surfaces monochromes pour voir de mes yeux voir ce que l’absolu avait de visible" », expliquait Yves Klein, l’inventeur du fameux IKG (International Klein Blue), le lumineux bleu ultramarin qui le fit internationalement célèbre. Considérant que l’absolu est aussi fait de sons, l’artiste compose en 1948 une "Symphonie monotom-silence" de vingt minutes jouée sur une note unique, puis suivi d’un silence de la même durée, laquelle sera reprise sous le nom de "Symphonie monotom-silence n°2" (puis rebaptisée "Monochromie") par Pierre Henry qui lui offrira pour son mariage… soit quelques mois avant sa mort. « "Ma vie doit être comme cette symphonie, un son continu, libéré du début à la fin, limité et en même temps éternel, parce qu'elle n'a ni commencement ni fin..." » écrivait Klein.

OHM The early gurus of electronic music
Disque - Ellipsis Arts
Compilation | 1948-1980
Ce passionnant triple CD explore la préhistoire de la musique électronique et les liens existant entre musiques populaires et musiques savantes, une passionnant travail d’archéologie musical qui se penche sur une époque où la musique électronique n’avait pas encore investi les rues et les pistes de danse et reconfiguré en profondeur le champs des pratiques musicales. Avec, entre autres, Clara Rockmore, Pauline Oliveros, La Monte Young, Stockhausen, Luc Ferrari, John Hassel, Brian Eno...

Ceremony
Audio - Esoteric Music
Spooky Tooth, Pierre Henry | 1970
En 1970, Pierre Henry rencontre l’obscur groupe de rock progressif anglais Spooky Tooth avec lequel il enregistre ce puissant album, apparemment enregistré en une nuit, à la lisière du gothique et de l’avant-garde, de la kosmisch musik et du psychédélisme, des musiques sacrées et populaires : un télescopage de bruitages électroacoustiques, de solos de guitares, d’incantations, d’orgues, de sirènes et de percussions qui font de ce "Ceremony" un objet toujours aussi fascinant.

Messe pour le temps présent
Audio - Philips
Pierre Henry | 1967
Créé sur une commande de Maurice Béjart pour sa création chorégraphique du même nom lors du festival d’Avignon de 1967, "La Messe pour le temps présent" est la pièce la plus célèbre de Pierre Henry. Un succès qu’elle doit au très fameux "Psyché Rock", composé avec le réalisateur et arrangeur Michel Colombier. Tandis que les Beatles et les Pink Floyd se mettent à utiliser des sons de musique concrète dans leurs chansons, Pierre Henry fait le chemin inverse en s’inspirant librement de "Louie Louie", le standard Rhythm & blues de Richard Berry...